B°) La découverte de Marggraf : le remplacement du sucre de canne ?
a) Quelques dates avant le dénouement
En 1745, un chimiste allemand, Andréas Marggraf, présente à l’Académie des sciences de Berlin un mémoire sur les expériences qu’il a mené dans le but de tire « un sucre véritable de diverses plantes ». Il explique que « la betterave à sucre ne c ontient pas seulement un produit analogue au sucre, mais du vrai sucre complet, totalement égal au sucre bien connu de la canne ». Mais Marggraf passe à d’autres expériences et le sucre de betterave tombe dans l’oubli. En 1786, Charles-François Achard, un élève de Marggraf réussi à extraire du sucre de la betterave et à la solidifier de façon industrielle. Puis sous l’ordre de Fréderic II, roi de Prusse construit la première sucrerie à betterave à Kürnen-sur-Order, en Silésie. Celle-ci traite environ 70 kilos de betterave par jour selon le procédé de Margraff.
b) Le Blocus Continental
En 1805, la flotte française est anéanti et le peu de volonté pour la reconstruire empêche le fonctionnement d’un quelconque blocus des ports anglais : les importions d’outre-mer cessèrent peu à peu : la flotte anglaise mouillait devant les ports français afin d’empêcher les bateaux d’y entrer. Mais on possédait des réserves, en revanche le sucre, le café et le cacao voyaient leur prix monter de mois en moins puisque les plantations appartenaient aux Anglais et on ne pouvait pas cultiver le café et le cacao en métropole
Pour répondre à cela, Napoléon Bonaparte, décida en 1806 de mettre en place le blocus continental : il veut vaincre la mer par la terre, c'est-à-dire qu’il veut priver l’Angleterre de ses alliés et lui fermer les portes de toutes les ports du continent. L’Angleterre a bâti sa richesse sur le commerce maritime qui lui permettait une flotte puissante parcourant les mers. En empêchant les bateaux anglais de faire de commercer Napoléon veut fragiliser l’économie anglaise, sans moyen de s’approvisionner, il ne pourrait y avoir que la famine, le chômage : l’économie anglaise s’effondrera.
Ainsi tout commerce avec l’Angleterre était absolument interdit : toute marchandise en provenant ou de ses colonies devrait être confisquée, non seulement dans les ports, mais aussi à l’intérieur du pays et chez les négociants qui enseraient possesseurs ; tout Anglais sais en France ou dans les pays alliée, serait prisonnier de guerre.
Le gouvernement anglais, de son côté, se vengea en aggravant les mesures prises pour le blocus maritime : il étendit son blocus à tous les ports français et à ses alliés. : En sorte que les deux nations les plus puissantes du monde s’interdisent mutuellement l’une la terre, et l’autre la mer ! Mais à la fin de l’année 1806, malgré le blocus, l’Angleterre n’eu aucun problème économique.
c) Après le Blocus continental
Ainsi en 1808, la route des Antilles est coupée puisqu’appartenant à l’Angleterre, le sucre de canne disparaît donc des boutiques. Antoine Parmentier, un pharmacien, proposa à Napoléon Ier, le sucre de raisin pour remplacer le sucre de canne.
En 1810, devant le manque de sucre engendré par le Blocus, il fallut trouver une solution pour produire du sucre à partir d’une plante cultivée en France. Napoléon prit alors la décision de contribuer à la recherche d’une solution industrielle. C’est Benjamin Delessert, un homme d’affaire disposant d’une vingtaine de raffinerie de sucre, qui parvint pour la première fois à réaliser l’extraction de quantités importantes des sucres de la betterave. Et il offrit à Napoléon deux pains en sucre de betterave parfaitement cristallisés, ressemblant aux pains de sucres de canne. En remerciement, Napoléon décore le raffineur de la Légion d’honneur et le nomme baron d’Empire.
Napoléon veut aller pour ne plus avoir besoin d’utiliser de sucre de canne : le décret du 25 mars 1811 interdit totalement la vente de sucre de canne. Napoléon impose la culture de sucre de bette rave, 32 000 hectares de betterave et 5 millions de francs sont destinés à financer cette opération.
En 1815, la chute de l’Empire après l’envahissement de la France par les alliés de l’Angleterre puis la fuite de Napoléon à l’île d’Elbe, le sucre de canne fait alors sont retour en France et le prix du sucre chuta énormément. De nombreux pays cessèrent la production de sucre de betterave ; au contraire de la France qui soutint le développement de meilleures techniques d’extraction. Le nombre de sucreries passa donc de 89 sucreries et 4 400 tonnes de sucres produit en 1828, à 129 sucreries et 7 000 tonnes de sucre produit en 1833.
Mais la loi du 18 juillet 1837 impose un impôt de 10 francs par quintal de betterave dit « indigènes », ce qui conduit à la disparition progressive des sucreries dont le nombre passa de 555 en 1838 à 336 en1840. De plus, l’ordonnance d’août 1839 supprime l’impôt sur les sucres coloniaux et fait disparaître de nombreuses fabriques de sucre de betterave.
En 1843, le député et poète Lamartine attaque violemment le sucre de betterave à la Chambre des députés afin de sauver les sucreries nationales « je vous défends d’appeler la sucrerie une industrie nationale. Elle n’a de national que les charges qu’elle fait peser sur le pays. » Heureusement son projet de loi est rejeté de quatre voix par les députés.
En 1843, l’égalité des taxes sur les importations de sucres de canne et de betterave est rétablie.
En 1848, l’abolition de l’esclavage provoque une forte hausse du prix du sucre de canne et une diminution de sa production, ce qui avantage les producteurs de betterave, et les sucreries améliorent progressivement leurs productions grâce à la construction de grosses unités de production.
d) L’abolition de l’esclavage
Le 27 avril 1848, le gouvernement publie un décret dans lequel il abolit l'esclavage dans les colonies françaises.
L'abolition concerne d’abord les vieilles colonies de l'Ancien Régime, dont l'économie repose encore sur les grandes plantations sucrières.
Sous la Révolution, les députés de la Convention ont déjà aboli l'esclavage une première fois pour calmer les révoltes dans les colonies des Antilles. Mais Napoléon Bonaparte est revenu sur cette mesure et a légalisé l'esclavage le 20 mai 1802.
Les libéraux et les philanthropes français sont veulent imiter les anglais et abolir définitivement l’esclavage. Ils y réussissent dans l'île de Mayotte. Dans ce territoire sous protection français où il n’y a aucun planteur européen ; le gouvernement du roi Louis-Philippe Ier abolit l'esclavage dès le 9 décembre 1846.
Par contre, dans les vieilles colonies où il y a beaucoup de planteurs européens qui empêchent les libéraux français d’abolir l’esclavage.
Il faut attendre la Révolution de février 1848, pour que ceux pour l’abolition de l’esclave puissent contourner l'opposition des planteurs.
Le décret d'abolition est rédigé par Victor Schoelcher, sous-secrétaire d'État à la Marine dans le gouvernement provisoire. Lui-même est sous la tutelle du ministre de la Marine, le physicien et astronome François Arago.
Le décret prévoit de libérer dans un délai de deux mois 250.000 esclaves à la Martinique et à la Guadeloupe, ainsi qu'à la Réunion et à Saint-Louis du Sénégal.
À leur manière, les esclaves ont accéléré le mouvement. À Saint-Pierre, en Martinique, une insurrection éclate le 22 mai 1848, avant qu'ait été connue l'existence du décret. Même chose en Guadeloupe où le gouverneur abolit l'esclavage dès le 27 mai 1848 pour éteindre l'insurrection.
En compensation de la perte de leurs esclaves, les planteurs reçoivent du gouvernement français une indemnité forfaitaire. Ils contournent aussi l'interdiction de l'esclavage en faisant venir des «travailleurs sous contrat» de la Chine du sud ou d'Inde du Sud. Il s'agit d'un nouvel esclavage.
L'abolition dément les sombres prophéties des planteurs, qui craignaient la ruine de leurs exploitations et de leurs îles. Au contraire, elle se traduit par un accroissement de l’économique dans les colonies.
La France, à cette époque, ne compte plus que 308 fabriques de sucre de betterave.
e) Après l’abolition
En 1854, dans l’Aube, la 1ère distillerie de betterave est créée. Puis en 1862, l’invention du saccharimètre optique permet de travailler plus efficacement sur la sélection de variété de betterave. Le saccharimètre optique est un instrument qui mesure la teneur en sucre d'une solution.
A partir de ce moment la production de betterave prend un essor : la France produit 300 000 tonnes de betteraves et devint le 1er producteur européen en 1870. Ensuite, en 1889, le sucre de betterave représente 60% de la consommation mondiale. Puis en 1899, le Syndicat des fabricants de sucre crée un « Laboratoire central » afin de faire l’analyse des betteraves.